Zone de Texte: « Avancez mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous compter une grande nouvelle. »
N.-D. de la Salette

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—Faites vous bien votre prière, mes enfants?

 - Pas guère, madame.

—Ah! Mes enfants, il faut bien la faire, soir et matin, ne diriez vous seulement qu’un « Notre Père » et un « Je vous salue ». Et quand vous pourrez mieux faire, dites-en davantage. L’été, il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe. Les autres travaillent le dimanche tout l’été. L’hiver, quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la messe que pour se moquer de la religion. Le carême, ils vont à la boucherie comme des chiens.

—N’avez-vous point vu de blé gâté, mes enfants?

· Non, madame!

· - Mais vous, mon enfant, vous devez bien en avoir vu une fois, au Coin, avec votre Père. Le maître du champ dit à votre père d’aller voir son blé gâté. Vous y êtes allés tous les deux. Votre père prit deux ou trois épis dans sa main, les froissa et tout tomba en poussière. En vous en retournant, quand vous n’étiez plus qu’à une demi-heure de Corps, votre père vous donna un morceau de pain en vous disant: « Tiens, mon petit, mange encore du pain cette année, car je ne sais pas qui va en manger l’an qui vient, si le blé continue comme ça. »

· - Ah! Oui, madame. Je m’en souviens à présent. Je ne m’en rappelais pas tout à l’heure. »

· Puis, en français: « Et bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple. » 

· Elle gravit la pente opposée au Gargas, s’élève. Les enfants la rejoignent. Elle regarde le ciel, puis la terre. Elle répète aux enfants:

· « Allons, mes enfants, faites-le bien passer à tout mon peuple. »  Puis, elle fond dans la lumière et disparaît.

« Avancez mes enfants n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande Nouvelle. 

Si mon peuple ne veut pas se soumettre je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils.

Il est si fort et si pesant que je ne puis plus le maintenir.

Depuis le temps que je souffre pour vous autres! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas,

je suis chargée de le prier sans cesse, et pour vous autres, vous n’en faites pas cas! Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous autres. Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l’accorder. C’est ce qui appesantit tant le bras de mon Fils.

Et  aussi, ceux qui mènent les charrettes ne savent pas jurer sans mettre le nom de mon Fils au milieu. Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon  Fils.

Si la récolte se gâte, ce n’est rien que pour vous autres. Je vous l’ai fait voir l’année passée par les pommes de terre. Vous n’en avez pas fait cas. C’est au contraire: quand vous trouviez des pommes de terre gâtées, vous juriez, vous mettiez le nom de mon Fils au milieu.

Elles vont continuer, et cette année, pour la Noël, il n’y en aura plus. »

Mélanie ne comprend pas le mot: « Pommes de terre. » Elle se tourne vers Maximin. La « Belle dame » constate l’incompréhension de Mélanie.

Elle répète sa dernière phrase en patois et poursuit son discours dans cette langue:

« Vous ne comprenez pas, mes enfants! Je m’en vais vous le dire autrement. ‘Si la recolta si gasta…’ Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer, tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront et ce qui viendra tombera en poussière quand on le battra. Il viendra une grande famine. Avant que la famine ne vienne, les petits enfants au dessous de sept ans prendront un tremblement et mourront entre les mains des personnes qui les tiendront. Les autres feront pénitence par la famine. Les noix deviendront vides, les raisins pourriront. »

A ce moment-là, la « Belle Dame » parle à Maximin en particulier, puis à Mélanie. Aucun des deux enfants ne peut comprendre ce

que la « Belle dame » dit à l’autre. Puis, la « Belle Dame » poursuit son message pour les deux enfants.

« S’ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par la terre.

Le message